Il semble urgent de repenser la réussite et de remettre en cause les schémas que l’on nous a transmis.

Typiquement : la quête effrénée d’un CDI a longtemps été posée en maître. Pendant longtemps, avoir un CDI était le Graal, le signe extérieur de réussite, d’aboutissement et d’accomplissement, le signe d’une certaine acceptation dans et par la société, le signe que l’on était adultes et responsables.

Pourtant, étrangement, la plupart des gens qui ont obtenu cela rapidement, ont, au fil du temps vu leur santé mentale décliner, leur envie et leur motivation aussi. Les personnes qui accédaient à cette forme de stabilité extérieure dépérissaient moralement, à petits feux, en silence, dans bien des cas, préparant ainsi le terrain d’une future dépression ou d’un burn-out.

Après les études, ce premier emploi arrivait et c’était comme si on nous disait : ça y est, c’est ça ta vie, tu es cette personne ici, dans ce contexte et tout se résume à ça. Mais quelle jeune entre 20 et 30 ans a envie qu’on lui dise cela ? Quelle jeunesse épanouie peut vouloir cela ? Combien de rêves et d’ambitions ont pu être écrasés depuis l’enfance pour que l’on en arrive à ce type de conclusion à 25 ou 30 ans ?

En parallèle, et souvent en marge d’ailleurs, les personnes qui restaient en quête, d’eux-mêmes, de leur vie, de leurs rêves, restaient plus en alerte, plus ouvertes et dans une certaine dynamique. Malgré des conditions matérielles moins florissantes, le goût pour sa vie, que l’on continuait à rêver, restait intact voire même grandissait.

Les personnes qui ont eu des CDI vite, qui ont acheté des maisons vite, créé des cellules familiales sans avoir pris le temps de vivre des choses pour eux-mêmes ont ensuite tout défait ou l’ont amèrement regretté, ce sont eux qui le disent.

Et quelque part, je trouve assez injuste que ces personnes aient été poussées aussi fort vers des repères qui n’étaient pas forcément les bons. J’ai entendu tellement de personnes dire qu’elles avaient regretté tous ces choix qui étaient en fait trop grands, trop enfermants pour eux et être dans le regret de ne pas avoir vécu tel ou tel rêve qui leur était cher.

Alors je me demande : quand entrera-t’on dans une société plus honnête qui poussera vraiment les gens à oser vivre leur vraie vie, au lieu d’être poussés à entrer dans des cases qui ne leur appartiennent pas ? Quand osera t’on lâcher cet ancien monde et modèle qui n’a que prouvé son inefficacité à rendre les gens heureux ?

Quand arrêtera-t’on de nous ou de se faire croire que réussir revient à trouver un endroit fixe et à ne plus en bouger ? Ne sommes-nous pas des nomades initialement ? N’est-ce pas ce qu’il y a de plus naturel que de se déplacer et de vivre, de découvrir plusieurs endroits ?

Tout le monde n’a pas envie de ce mouvement et de cette diversité dans sa vie et c’est ok. Mais ce qui est encore trop triste, c’est que de nombreuses personnes en ont besoin et envie et qu’elles s’empêchent de vivre ce qu’elles ont envie à cause du regard des autres, des jugements du type : instable, immature, etc.

On peut clamer haut et fort que le regard des autres ne comptent pas et ce sera toujours faux. Il compte et quand on est mal jugés pour suivre notre chemin, ça fait mal et ça fera toujours mal. Mais par contre, il ne doit pas gouverner nos choix, surtout pas, car il en devient dangereux. Le regard des autres ne doit rester que l’expression de ce qu’ils sont eux et en aucun cas, un repère ou l’expression de ce que nous sommes.

Le regard des autres ne doit pas nous empêcher d’aller vers ce qui nous fait vraiment vibrer car cette vibration s’appelle la vie et lorsque l’on perd cela, on perd tout car on se perd nous-même.

J’aimerais que notre monde soit rempli de gens qui encouragent les autres à vivre ce qu’ils ont en eux, au plus profond d’eux, à réaliser ce qu’ils ont de plus intime, de plus fou, et non ce que la société ou papa maman a dit qu’il était bien de faire.

Recherchez cette petite voix, cette connection à l’intérieur de vous à ce qui est juste pour vous, et même si ce qu’elle dit paraît un peu fou ou décalé, suivez-la et ne la perdez pas car cette voix reste la plus belle expression de vous.